L’ombre de soi-même


Il avait pris sa besace et s’en était allé. Sans se retourner. Sans s’en retourner. Le dos tourné aux infernales incertitudes, aux quémandes d’affections de ce quatuor où finalement, il n’était qu’un et les autres absents. Cette absence le rendait, au départ, bien plus vivant. Se gluant aux parois verreuses de ses semblables, il humait, reniflant tel un chien, le moindre relent de caresse, le moindre ragoût dilué d’affection.
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Cela faisait trente ans maintenant qu’il attendait ce temps-là. Un temps gris d’incertitudes habituelles. Cela faisait bien trop longtemps qu’il avait délaissé son ombre et asservi sa mémoire d’homme, desservi son corps mou et inexistant. Ce jour-là, il avait muré tout ses mots, les avait empaquetés soigneusement dans un vieux torchon pour les enterrer dans une poche de sa besace; puis il avait bu un vin rouge et âpre comme la honte, et avait emprunté le chemin de l’oubli.

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Camellia Burows.

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