La nuit dans les bars


Tu as les yeux étirés de confiance des asiatiques riant pour cacher leurs craintes.

Ses nuits se noient dans des ivresses inénarrables. Il a le sourire de l’homme bienheureux et pourtant rempli de celui de l’absent.

La nuit, il s’évapore, évanescent, accompagné de sa guitare dans des bars qui n’en finissent d’être enfumés. Des bars du port pour adolescents trop vite grandis dont il n’a oublié ni les larmes ni même les replis; des bars pour touristes anglais puant la bière, suant l’argent, suintant la frivolité et l’inconscience du temps. Il s’oublie chaque nuit et hurle à qui veut bien l’entendre une plainte d’orange coloré, de rose enrubannée, toute barbouillée de vodka sous les cris des gens sans oreilles. Toutes les nuits, il fredonne et quand au petit matin mal éclairé, il rentre éreinté par ses chants douloureux, s’affale, s’emballe et doit continuer de travailler, il cherche des yeux d’autres étoiles. 

Le lendemain, c’est toujours moins bien puisque ses rêves se font moins hauts. Le lendemain ses yeux tirés de nuits sans sommeil rougissent, perdent un peu de leur éclat et il revoit ses jours courir en langueur.

Tu as les yeux étirés des hommes qui se jettent à bras ouverts dans les couches de femmes sans âme. Les yeux étirés et brun par trop de nuits sans étoile. Tu as, malgré tout, les yeux enfantins qui brillent de l’homme émerveillé par un rien, et  le rire ensoleillé des matins bleus quand monte la chaleur des étoiles, celui du soleil et des apéros pris sur un banc, quand le ciel est calme et la toute petite place grise, près de Garibaldi, déserte et blanchie.

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Camellia Burows

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