Vous reprendrez bien un peu de poésie?


C’est le Printemps de Poètes! Plongeons-nous avec délice et à corps perdu dans les sens de la langue poétique, faisons passer des petits poèmes, amusons-nous avec des mots goûteux.

Un poème d’Octavio Paz, le très grand aux mots et à la voix magnifique :

« Comme on entend la pluie

Écoute-moi comme on entend la pluie
ni attentive ni distraite,
les pas légers de la bruine,
l’eau dissoute en air, l’air tissé de temps,
le jour n’en finit pas de s’en aller,
la nuit n’est pas vraiment venue,
figurations du brouillard
à l’ angle de la rue,
figurations du temps
au tournant de cette pause,
écoute-moi comme on entend la pluie,
sans écouter, écoute-moi parler
les yeux ouverts sur l’intérieur,
assoupie, chaque sens en éveil,
il pleut, des pas légers, rumeurs de syllabes,
l’air et l’eau, paroles qui ne pèsent :
ce que nous étions, ce que nous sommes
les jours et les années, cet instant même,
temps qui ne pèse, lourde peine,
écoute-moi comme on entend la pluie, »
[…]

Octavio Paz, L’arbre parle, traduit de l’espagnol par Frédéric Magne et Jean-Claude Masson, Gallimard 1987.


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