La vie griffonnée.


Ils s’étaient étendus  là, comme joue contre joue à se regarder simplement; dans cette ville, que l’on distinguait au loin, griffonnée au crayon de papier.

Les yeux marron émaillés de lignes noires, fines bordures face aux autres verts, bistre ou bleus, couleur de jamais rien.

Il y avait eu la courbe fine de son visage, à lui. Des lignes d’albâtres et d’airain, un nez aquilin, si singulier. Et comme une sorte de retenue dans chacun de leurs gestes.

Un temps qui semblait différent.

Celui d’apprivoiser les mots, l’odeur des corps dans cette moiteur, d’imaginer un possible alors qu’au fond, tout le monde s’en foutait. Rien ne compte dans ce genre de mise en scène, si ce n’est l’instinct de la chair.

Comme il avait dit : « la baise ». Et ce qui va avec.

Ils auraient pu ainsi dilater le temps, le prendre à bras le corps et s’attendre longuement.

On  noircit toujours ces instants lorsqu’on a aucune raison de s’attendre. De s’entendre.

On grisonne, on crache des mots à la gueule qui s’endurcissent, boules vitriolées de mépris défigurant le corps de l’autre.

Ils avaient bien trouvé quelques maigres raisons pour s’entrapercevoir mais tout s’était grisé, crayonné dans la ville de l’oubli.

Et lorsque le silence se rompt de mots crus, sordides,

le souffle

se coupe net

et

glacial.

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