Mûrissement : Au moins j’aurai laissé un beau cadavre, Hamlet, par Vincent Macaigne six mois plus tard


Hamlet ou la rage au ventre.

Après sa vision et son interprétation brillantes de L’Idiot, Vincent Macaigne s’est attaqué à présent au géant Shakespeare.

Les cotillons, les serpentins, le sang, un château fantômatique, une tombe liquide de boue viennent accentuer la narration. Ici, Macaigne présente un Hamlet passionnel et dévoré par la folie des autre, mais pas uniqument. Vincent Macaigne prétexte Hamlet et décrit le monde.  Sur le coup, le spectateur se voit assailli, saturé de sons, de couleurs, d’effets de lumière et de mise en scène.  Des images s’accrochent à l’esprit et s’y gravent. Le public est partagé : quoi? les scènes sont coupées? le texte n’est pas respecté?  Sur le coup de la passion toute théâtrale, on y voit une succession de tableaux infinis, de sons, de beuglements, une saturation de bande-sons, de couleur, de sang; enfin de trop d’effets de mise en scène restaient en bouche, ou plutôt en vue, un goût écoeurant de trop plein, d’indigestion sonore et visuelle.

 Au travers de cette création à part entière (il a retravaillé également avec l’univers du conte ayant inspiré Shakespeare) le metteur en scène montre cette violence qui parcourt notre monde. Il égrène ainsi les insultes, apostrophe et malmène son public. Le spectacle se veut à part entière et les scènes présentées sont bien vivantes et obsédantes. Ici, il s’agit d’existence en scène, de vie que l’on peut littéralement toucher du doigt.

Contrairement à ce que l’on aurait pu dire au sortir de la pièce et hormis le jeu de certains comédiens, le souvenir six mois après est  celui d’une mise en scène époustouflante. Une véritable expérience : serait-ce celle de l’existence ?

Comme quoi les souvenirs permettent d’aimer un beau cadavre jugé trop rapidement décomposé à la sortie de la pièce.

La question se pose de ce qui finalement constitue la valeur d’un spectacle ou d’une mise en scène? Trop d’artifices turait l’artifice et pourtant, le souvenir de cette pièce demeure magistrale, hante les esprit à l’image de la détestation qu’elle a pu provoquer sur le moment de la représentation.

Est-ce donc le souvenir ? Les images qui affleurent ou un embellissement du souvenir? ou le pari de mettre en scène la vie et non pas la énième mise en scène d’Hamlet de Shakespeare?

http://theatre-chaillot.fr/theatre/vincent-macaigne/au-moins-j-aurai-laisse-un-beau-cadavre

2 commentaires

  1. Quand une oeuvre se met à habiter la mémoire, que l’une et l’autre s’interpénètrent en une certaine alchimie, c’est bien qu’il s’est en effet passé quelque chose. C’est même une attestation de l’artistique… Bien à toi ! 😉

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