Le discours de Patrick Modiano à la réception de son prix Nobel est à voir ou lire d’urgence.
Non seulement, il nourrit la réflexion sur le travail de l’écrivain, sa fonction et celle de la littérature contemporaine au sein de notre société, mais le style est superbe et la réflexion inépuisable.
Je retiendrai, parmi tant d’autres phrases et mots qui me touchent, ce passage sur le travail de la mémoire par l’écrivain :
« J’ai l’impression qu’aujourd’hui la mémoire est beaucoup moins sûre d’elle-même et qu’elle doit lutter sans cesse contre l’amnésie et contre l’oubli. À cause de cette couche, de cette masse d’oubli qui recouvre tout, on ne parvient à capter que des fragments du passé, des traces interrompues, des destinées humaines fuyantes et presque insaisissables.
Mais c’est sans doute la vocation du romancier, devant cette grande page blanche de l’oubli, de faire ressurgir quelques mots à moitié effacés, comme ces icebergs perdus qui dérivent à la surface de l’océan. »