Mercredi 7 janvier 2015.
Trafalgar Square glacée, pas un mot. Vous retrouvez, murmurez à l’oreille toutes ces années, comme on boit un bon rouge avec des vieux potes, sans jamais s’avouer son amitié.
Irrévérence, humour corrosif, et rire subversif.
Le jour se meurt, ensanglanté. Apercevoir des visages connus rassemblés.
Nous parlons de vous, inlassables, inaltérables.
Pas d’adieu, pas d’au revoir. Pas le courage.
Hébétés, hagards, nos murmures s’étouffent, ponctués, parfois de rires surgis de vos dessins. La foule frissonne de temps à autre, gronde sous un défilé de crayons. Silence, ironie du sort, religieux.
Ces crayons, vos dessins, brandis en l’air. Des poings dressés à la face de l’inhumanité.
Visages clos, envie d’hurler.
Ces mots, ce sont les vôtres, et vous nous manquez déjà ô combien !
Serrés, côte à côte, appuyés instinctivement les uns aux autres. Pas bouger pour mieux sentir la chaleur des corps. « Où est le vôtre ? » demande un homme, en larmes.
Le chant de la Marseillaise : trois fois, à côté de vos mémoires. Horreur. Nous crions d’une même voix de se taire. Du respect.
Des heures de silence assourdissant.
Reprendre le chemin de nos vies. Lentement. Se glisser le long de la chaussée. La pluie battante à nos oreilles. Sans enthousiasme. Sans sentir nos os détrempés. Sans entendre les klaxons des « black cab ».
Se foutre de tout.
Le coeur sanguinolent et abasourdi. Arraché, avec vos vies.
Une autre pierre à ajouter à notre cou. Sous la pluie ruisselante de douleur et de dégoût, je voulais vous le chuchoter : nous avons ri aux larmes vous rappelant à nous, hoquetant, larmoyant de douleur, se répétant l’incertitude.
Incompréhension.
Incrédules.
Impensable, innommable vos noms vivants sans vous. Et nous, respirant sans votre souffle. La haine, l’horreur au coeur. Les larmes, le vide roulant sur nos joues.
Reprendre la route. D’un pas tremblant. Incertains d’un monde sans vous tous, nos compagnons courageux, nos frères semblables.
Pas pleurer et pourtant.
*Très bien !*
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