Comme je le disais dans le précédent écrit sur la pièce Oslo jouée également au National Theatre, par penchant naturel je ne suis pas de celles qui affectionnent les productions démesurées, et encore moins les comédies musicales (bien que je revienne là-dessus depuis peu). Il m’arrive pourtant d’en apprécier la qualité, le travail, le jeu et le rendu. C’est le cas de Follies, comédie musicale créée en 1971 par Stephen Sondheim à partir du livre de James Goldman et reprise dans une mise en scène de Dominic Cooke qui se joue en ce moment au National Theatre


L’intrigue tient en peu de mots : à New York en 1971, une grande soirée est donnée en l’honneur de l’ancienne revue du Théâtre Weissman où étaient données les Weismann’s Follies car ce théâtre sera détruit le lendemain. Trente ans après leur dernière représentation, les anciennes jeunes femmes de la revue se retrouvent au cours de ce gala pour prendre un verre, chanter quelques morceaux et se raconter leur nouvelle vie. De là réapparaissent rivalités et amours perdues ou retrouvées. Quatre personnages principaux se démarquent, maris et femmes, qui ont autrefois partagés les déboires de la scène se retrouvent alors. Les deux jeunes femmes Sally Durant et Phyllis Rogers colocataires à l’époque, avaient rencontré leurs époux, Buddy Plummer et Ben Stone, à cette période. Pendant la soirée, se mêle et se démêle le passé incarné par le double plus jeune de chaque protagoniste et les interprètes vieillissants donnent des numéros qu’ils exécutaient autrefois. Ces personnages restent hantés par leur jeunesse mais aussi semble duel.

En creux se pose la question de l’existence de chacun et des parcours accomplis. Jani Dee interprète avec magnificence la glaciale et sarcastique Phyllis et chacun de ces quatre personnages, interprétés avec brio, rappellent l’importance de vivre, rire et de jouir tandis qu’ils questionnent leurs choix mais aussi leurs sentiments.

Follies reprend des morceaux connus de Broadway. L’ensemble est impressionnant : un orchestre constitué de 21 personnes, en fond que l’on aperçoit à peine, et 37 personnages sur scène : les hommes et femmes plus âgés et leurs doubles plus jeunes. Le fait de les dédoubler est au cœur de l’action et va de pair avec la scénographie qui présente à la fois le faste de l’ancien cabaret Follies au travers des costumes mais aussi la vétusté de ce théâtre (décor en ruine, poussiéreux). Ainsi, le plateau est divisé en partie (des panneaux coulissant qui offriront la vue d’une rue, le théâtre délabré etc.) au début de la pièce, délimité par l’ancien écriteau du lieu, et les coulisses où s’entassent anciens décors, accessoires, sièges de spectateurs poussiéreux. L’ensemble forme par recomposition une salle de spectacle. Parades des jeunes demoiselles et allers-retours entre anciens et nouveaux sont au programme : ainsi, les costumes des personnages au cours de leur jeunesse présentent la magnificence du lieu ainsi que les décors. L’ensemble est bien mené et l’on rit lors des « folies », sortes de fantasmes de chacun des quatre personnages principaux, représentés sur scène, emplis pastiches de comédies musicales, de burlesque, ou mettant en avant certains sentiments parfois de façon quelque peu outrancière (mais n’est-ce pas intrinsèque au genre de la comédie musicale ?)

Faire revivre une comédie musicale dont le sujet lui-même est la résurrection de souvenirs et relation de personnages de la revue Follies, anciennement un spectacle de cabaret dans une production conséquente n’est pas anodin et n’est pas passé inaperçu, il faut dire que tout au long de la soirée, paillettes, effet de lumière, burlesque et émotions restent au programme. Un divertissement léger, poétique, sympathique, empreint de nostalgie.
Jusqu’au 3 janvier 2018 au National Theatre à Londres.
Durée 2h10 sans entracte
Un livre de James Goldman
Livret de Stephen Sondheim
Metteur en scène : Dominic Cooke
Scénographie de Vicki Mortimer,
Chorégraphie de Bill Deamer
Supervision musicale Nicholas Skilbeck
Orchestrations de Jonathan Tunick, orchestrations additionnelles de Josh Clayton, directeur musical de Nigel Lilley
Création lumière de Paule Constable
Création son de Paul Groothuis
Interprètes : Julie Armstrong, Norma Atallah, Josephine Barstow, Jeremy Batt, Tracie Bennett, Di Botcher, Billy Boyle, Janie Dee, Anouska Eaton, Liz Ewing, Geraldine Fitzgerald, Peter Forbes, Emily Goodenough, Bruce Graham, Adrian Grove, Fred Haig, Aimee Hodnett , Dawn Hope, Liz Izen, Alison Langer, Emily Langham, Sarah-Marie Maxwell, Ian McLarnon, Leisha Mollyneaux, Gemma Page, Kate Parr, Philip Quast, Edwin Ray, Gary Raymond, Adam Rhys-Charles, Jordan Shaw, Imelda Staunton, Zizi Strallen, Barnaby Thompson, Christine Tucker, Michael Vinsen and Alex Young.
La mise en scène et les décors ont l’air top !
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Oui du grand spectacle !!
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