La mort du metteur en scène japonais Yukio Ninagawa, survenue en 2016, a suscité le désir de remonter Macbeth de Shakespeare donné trente ans auparavant sur la scène du Festival d’Edimbourg, en 1985. La pièce a été reprise avant la mort de Yukio Ninagawa pour être jouée à nouveau au Japon et c’est le maître, lui-même, qui a procédé aux répétitions il y a de cela deux ans.

Macbeth est transposée dans un Japon du XVIe siècle et Macbeth devient un samouraï, un peu bourru et solitaire ; les trois sorcières sont des acteurs de kabuki fardés de blanc; différents tableaux se succèdent, d’une beauté à couper le souffle, à l’égal des estampes de l’époque d’Edo, citons les cerisiers en fleurs dont les pétales s’envolent semblables à de la neige, lors des scènes violentes de combats et autres tueries qui émaillent la pièce. L’ensemble est porté par les musiques de Gabriel Fauré et son magnifique requiem (l’un de mes préférés), Schubert joué au violoncelle par Lady Macbeth ou encore Samuel Barber.
Une toile fine prend place comme un paravent fin ou plutôt d’immenses grilles d’un temple/château médiéval japonais, lors de différentes scènes comme celle des sorcières, et apparitions des prédictions et événements quelque peu surnaturels comme pour en encadrer leur beauté, leur magie et leur évanescence. D’autres scènes présentent les marches d’un palais ou d’un temple et soulignent, par là-même, la violence usuelle des rapports entretenus entres les différents personnages. L’obsession de Macbeth et son aveuglement en tant qu’être humain tandis que Lady Macbeth perd peu à peu tout sens de la réalité et sombre dans un perpétuel cauchemar.


Un Macbeth poignant et très japonais mais qui, de façon surprenante, ne dénature pas pour autant la toute écossaise shakespearienne venant même ajouter une dimension poétique à la noirceur de la pièce pourtant toujours intacte, balayée par le souffle de la mort et une réflexion sordide sur l’éphémère la condition humaine. La stylisation japonaise tant dans l’action, les scènes de combats, de meurtres que dans la scénographie (les cerisiers en fleurs versant leur pétales, êtres mortels comme les protagonistes de la pièce) lui sied bien car elle met en relief non seulement la complexité de ses personnages, superstitieux, avides de pouvoir mais mortels, et surtout celle de l’âme humaine, fragile et toujours insondable.
Tout ceci me fait penser à Kurosawa…
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Oui c’est vrai !
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Cette mise en scène m’apparaît féérique… malgré les thèmes sombres de la pièce…
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Oui c’est exactement cela. Impressionnant.
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