Une heure avec Richard Corgan, sympathique comédien touche à tout, portrait #1


Aujourd’hui, j’inaugure une nouvelle série de portraits, des personnes dont j’admire le travail et/ou la personnalité et qui ont eu l’obligeance de m’accorder un peu de leur temps. Cette rubrique reviendra fréquemment sans jour attribué. J’espère qu’elle vous plaira.

Richard Corgan Portrait .jpg
Richar Corgan

C’est dans le quartier de Forest Hill, sous une pluie battante, un peu plus à l’écart de l’agitation toute londonienne, dans un petit café de bois vernis que je me rends pour rencontrer Richard Corgan. Je l’avais vu jouer à l’Arcola dans The Pulverised, Les Pulvérisés d’Alexandra Badea, dans une traduction récente et il s’est gentiment et gracieusement prêté au jeu du portrait.

Venu du fin fond de la magnifique vallée de Brecon Beacon, d’un petit village au nom évocateur de Cwmtwrch, au Pays de Galles, Richard Corgan a suivi les cours du célèbre Old Vic à Bristol Theatre et à jouer à la scène comme à l’écran, le petit comme le grand. Arrivé un peu par hasard à la scène, adolescent, pour faire comme un copain, il est tombé instantanément amoureux du plateau. Parallèlement, il jouait de la batterie pour des comédies musicales et pour un groupe, il a alors décidé que battre les planches lui semblait plus amusant. C’est ainsi qu’il poursuit des études de théâtre. Le regard rêveur, un joli accent gallois aux lèvres, cette langue qu’il parle couramment, il se livre ici sympathiquement et sans fard.

Du film indépendant d’horreur à la série, en passant par la mise en scène, le chant dans la comédie musicale Tom Jones, ou encore des pièces plus incisives comme celle d’Alexandra Badea, ou  du vaudeville français il y a de cela quelques temps dans Boeing Boeing, et par sa compagnie de théâtre, Richard est un touche à tout avec plus d’une corde à son arc. Pour lui le spectacle ne se réduit pas uniquement au fond mais bien à l’honnêteté avec laquelle les troupes, les interprètes, machinistes, metteurs en scène, ou cameraman vont le faire. Il y voit avec intérêt le drame humain dans toute sa dimension et son honnêteté comme dans le superbe Cinema Paradiso ou bien Lemming qu’il cite parmi ses nombreuses références. Pas d’élitisme mais une exigence belle et bien au rendez-vous. Honnêteté donc et crédibilité.

En tant que spectateur, il est friand de tout tant que le spectacle le touche et qu’il croit à ce qu’il voit. En tant qu’acteur il attend le prochain « challenge » avec impatience. Avide de mettre en scène, de jouer à la télévision ou de brûler les planches. En définitive, ce qu’il aimerait serait de toujours raconter des histoires, créer des personnages différents.

Depuis ses débuts dans le théâtre quelques années se sont écoulés et il a depuis monté sa propre compagnie pour réaliser quelques projets qui lui tiennent à coeur, l’un d’entre eux porte sur la santé mentale avec sa compagnie ; avec Haley McGee ils sont en train de monter une pièce et quelques autres projets encore tenus secrets. Insatiable et infatigable, il a récemment joué dans un film indépendant qui a été présenté au festival de ; il s’agit d’une sorte de science fiction comédie, Canaries, qui se déroule dans les vallées du Pays de Galles et dont voici la bande annonce.

Actuellement en plein processus d’écriture, il révèle ses secrets de fabrication : il travaille à partir d’une idée qu’il élabore méticuleusement puis lui donne corps avec son partenaire de travail pour l’écriture, en discute avec beaucoup d’amis différents, réalisateurs, metteur en scène, comédiens etc.

En tant que comédien la plus grande partie de son travail consiste, selon lui,  à dire oui car c’est à ce moment-là qu’il aura cru en un projet et trouvé en lui les ressources mais surtout c’est de travailler sur soi avec le courage de monter sur les planches car il en faut pour s’exposer pour dépasser une certaine peur. De s’affronter soi-même un peu plus chaque jour sur les planches, de ne pas avoir peur d’être mauvais puisque c’est de ces déceptions que l’on trouve les solutions et s’améliorent. Expérimenter est la meilleure façon de progresser.  Ainsi, l’un des problèmes auxquels sont confrontés les comédiens britanniques, m’explique-t-il, c’est le manque de temps pour monter leur spectacle (on y trouve pourtant une telle qualité me dis-je). Les compagnies souffrent donc dans la création puisque l’argent manque et est souvent investi dans la communication.

En vrac quelques questions :

Son actualité (toute fraîche) ? Richard est en plein tournage d’un film “The Red Haven “. Il s’agit d’un film d’horreur qui se déroule au 15 ème siècle.

Comment choisit-il ses rôles ? En fonction de ce que la production offre à son personnage, s’il lui rend justice ou non.

Un rêve un peu fou ? Posséder son propre théâtre et vivre au-dessus pour créer, si jamais il gagnait à la loterie.

Un rôle qu’il aimerait jouer ? Macbeth, et un personnage qui l’oblige à se surpasser. I have always played the bad guyssans doute parce que mon visage se renfrogne facilement, “ I think its quite far away from myself I liked it a lot.” Ironise-t-il. Son âge le pousserait vers le personnage complexe et dense de Macbeth notamment après avoir campé différents personnages de cette magnifique et sombre pièce de Shakespeare.

Son dernier livre lu ? il picore à droite à gauche mais son dernier livre lu (au moment où nous nous rencontrons) est Two Nobles Kinsmen (Les deux Nobles cousins en français) mais il a aussi toujours des scènes de pièces diverses et variées qui le hantent.  

Sa dernière pièce française lue ?Huis-clos de Sartre il y revient toujours, l’une de ses pièces préférées et il veut absolument la monter.

Son dernier mot portera sur son enthousiasme sur l’expérimentation, « l’ébullition intense qui existe au théâtre en ce moment, l’importance d’employer cet art pour montrer le réel, ce qui est vrai et, sans vouloir verser dans la politique à outrance,  continue-t-il, penser qu’il y a une importante responsabilité et obligation au théâtre de commenter le paysage politique actuel car nous sommes assez chanceux pour pouvoir nous exprimer. »
Le café ferme, dehors il pleut encore à verse, une grisaille presque de septembre, il s’enfuit dans un éclat de rire, et son air enfantin.

 

 

 

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