Joanne et Lisa étaient inséparables jusqu’au départ de Lisa dans une famille d’accueil. Lorsque cette dernière revient Joanne décide d’organiser une fête en l’honneur de l’anniversaire de son amie le long de la voie ferrée en compagnie d’Amy. Des fantômes que les jeunes filles souhaiteraient enfouis ressurgissent alors.

Inspirée par le travail l’association Safe and Sound dont le but est de protéger les mineurs de l’exploitation sexuelle, All the little lights, écrite par Jane Upton, est un pièce courageuse, captivante, superbement rythmée et campée par Esther-Grace Button (Amy), Sarah Hoare (Lisa) et Tessie Orange-Turner (Joanne). Chacune panse ses plaies comme elle le peut et tente de se construire dans un environnement brutal qui ne les a pas épargnées c’est ainsi que Joanne la provocatrice tyrannique incite les deux autres à défier les trains déferlant à toute barde sur la voie tandis qu’Amy la plus vulnérable et la plus jeune garde un regard parfois enfantin sur le monde, et que Lisa ne cherche qu’à oublier l’ignominie.

Le passé de ces personnages affleure par touches au fur et à mesure du drame et le spectateur recompose alors l’ensemble de ce tableau ignoble, leurs enfances sordides et les sévices subies, ainsi que la personnalité de ces écorchées vives. Une histoire à vif, avec des personnages sans concession et une intrigue sombre sur l’exploitation sexuelle des enfants mais étonnamment empreinte d’un humour noir qui fonctionne parfaitement et vient sous-tendre la toile de fond de cette pièce pour accentuer le tragique de ces vies trop tôt endommagées par la négligence des adultes, ceux-là même que l’on ne peut nommer autrement que par le substantif d’ordures ».
La composition scénique est servie par un décor à l’image de ces retrouvailles rugueuses : rails de train dans un terrain vague au faux-air de décharge, grillage rouillé et arraché, dans lequel une fête prend place et pas n’importe laquelle, celle où l’on célèbre la venue au monde d’une personne. Le personnage d’Amy apporte également un contrepoint intéressant et touchant aux rapports sensibles, violents et électriques entre les personnages, car des traces de l’innocence brillent encore et malgré tout dans ses yeux.
La sincérité du jeu, la scénographie, et la mise en scène de Laura Ford, de laquelle émanent toutes les tensions entre les personnages et avec leur passé, confèrent à la révélation finale une émotion intense d’autant plus servie par cet humour si particulier qui parcourt cette très belle pièce.
All the Little Lights est une pièce émouvante et touchante qu’il faut aller voir pour son sujet épineux et si bien traité, sa composition scénique et ses actrices généreuses et qui nous rappelle l’importance et la nécessité de l’art théâtral dans sa capacité à nous toucher au plus profond de nos tripes, à nous montrer, dévoiler, rappeler, l’horreur de ce qui se passe juste à côté de chez nous.
All the Little Lights, de Jane Upton, mise en scène Laura Ford Arcola theatre à Londres jusqu’au 4 novembre 2017.
Réservation ici : https://www.arcolatheatre.com/event/all-the-little-lights/
Durée : 1h
Avec Esther-Grace Button (Amy), Sarah Hoare (Lisa) et Tessie Orange-Turner (Joanne)
Scénographie et costume : Max Dorey
Création Lumière : Alexandra Stafford
Création son : Max Pappenheim
J’aime beaucoup les pièces réalistes qui traitent de sujets d’actualité, mettant en scène des femmes. Cette pièce me donne beaucoup envie de la connaître. Sais-tu si elle a été traduite en français ? J’aimerais beaucoup la découvrir. Bizz
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Pas à ma connaissance. Je vais voir si c’est le cas.
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