Lähtö/departure, de et par WHS/Kalle Nio, Platform Theatre, Londres. Epure fantasmagorique.


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WHS Lähtö avec Kalle Nio et Vera Tagelman. Photo de Tom Hakala

Les méandres du couple et la désagrégation d’une relation effritée par le temps et le quotidien tels sont les thèmes de Läthö spectacle mis en scène par Kalle Nio, magicien finlandais, et sa compagnie WHS aux confins entre cirque contemporain, cinéma et danse. Lähtö/departure mêle ici illusions, références cinématographiques et autres techniques circassiennes, dans une pièce hors norme. Ici, pas de dialogues, mais la traduction d’une relation basée sur l’ennui, une agressivité prenant racine dans la passivité est visuellement rendue notamment dans la scène liminaire au travers de la répétition d’une même scène : dans un univers de grisaille un couple, sans doute cossu, attablé, l’homme joue avec les petits pois de son assiette, perdu dans ses pensées tandis que sa compagne, vraisemblablement négligée, cherche à attirer son attention, se sert un verre de vin et ouvre les rideaux qui donne sur la mer. Tout ceci pourrait sembler bien banal, puisque la banalité et le délitement des relations sont portés à la scène, si ce n’est la forme choisie pour cette répétition d’actes. Un  immense rideau gris perle traverse le plateau et recouvre la table telle une nappe sur laquelle est posée les couverts et un vase avec des fleurs, et les fauteuils pour déborder sur l’avant-scène. Aucune parole n’est prononcée mais le son est omniprésent et à mesure que les comédiens répètent mécaniquement les mêmes gestes, la bande son constituée de divers bruits comme celui du vin versé dans un verre, d’un « ahem » d’interpellation au mari, de petits pois écrasés et autres, se décale montrant symboliquement l’isolement, la séparation et les vicissitudes de l’enfermement du couple.

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WHS Lähtö avec Kalle Nio et Vera Tagelman. Photo de Tom Hakala

Le rendu visuel de l’oeuvre est somptueux composé de divers tableaux à l’épure sophistiquée, de nuances de gris bleuté ou de lumières et reflets réfractés par une immense cage de verre dans laquelle le même couple se retrouve enfermé, toujours à table déchirant une sorte de matière grisâtre gluante dont ils sont eux-mêmes enduits, la cage s’écarte et devient jeu de reflets avec un travail sur les différents plans, le reflet de l’un s’emboîte dans celui de l’autre et créé l’illusion d’une course poursuite ou des ravages d’une tempête. Le son et l’omniprésence d’une bande-son aux bruits prégnants accentue d’ailleurs l’aspect onirique entre cauchemar et rêve du spectacle. Les scènes et les tableaux se succèdent en réutilisant ce vaste rideau gris devenu au final une voile de navire que le couple tente de maintenir à flot, symbole de leur relation.

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WHS Lähtö avec Kalle Nio et Vera Tagelman. Photo de Tom Hakala
whs Lähtö Kalle Nio et Vera Tagelman Photo Tom Hakala
WHS Lähtö avec Kalle Nio et Vera Tagelman. Photo de Tom Hakala

Une poésie de tragédie intime, de l’individualité face au couple et surtout une réelle expérience  pour le spectateur entre rêve éveillé et hallucination.

Läthö, WHS/Kalle Nio, Platform Theatre à Londres

Avec  Kalle Nio et Vera Tagelman.

Différents spectacles de WHS  tournent sans doute près de chez vous. Information ici : http://w-h-s.fi/calendar/

 

7 commentaires

      1. Et pourquoi pas ? Faut juste que je coordonne mon agenda avec l’agenda du festival, que je calcule pour y aller (surtout pour les spectacles dans les « petites » villes). Je ne pourrai déjà pas voir le DOIS (je serai au même moment à Bruxelles pour (notamment) revoir By Heart…).

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