
Un article très rapide sur Pluto de Sidi Larbi Cherkaoui qui se jouait au Barbican à Londres car m’étant extirpée de ce spectacle à l’entracte et à l’ennui profond inspiré par cette pièce pas vraiment dansée, mon sentiment porte ici uniquement sur la première partie de Pluto. Demi-critique, en avant !

Manga et danse ainsi que les diverses critiques sur Astro boy, précédent spectacle construit à partir du manga éponyme, et mon goût pour la plupart de ses créations (dont, notamment dans le désordre, Fractus V, Zero degrees, ou encore Foi, Tempus Fugit, In Memoriam, PuZ/Zle, In Memoriam, Babel, Myth ) m’ont convaincue de m’y rendre. Il faut dire que le spectacle Foi fut une véritable révélation, sans vilain jeu de mots, pour moi. Un choc esthétique et émotionnel ainsi qu’un an plus tard Tempus Fugit à Avignon (même si j’avoue volontiers et à contrecoeur être hermétique au flamenco… oui… je sais). J’ai par conséquent une véritable tendresse pour ce grand artiste qu’est Sidi Larbi Cherkaoui. C’est donc dans en spectatrice par avance conquise et comblée, que je me suis rendue au Barbican. La fable de Pluto m’inspirait également : dans un futur proche, des robots presque humains sont assassinés mystérieusement de par le monde. L’un d’entre eux, basé à Francfort, enquête sur cet assassin en série. Une réflexion sur l’humanité ? Pourquoi pas ! Mais c’était sans compter sur l’adaptation du manga Naoki Urasawa, Osamu Tezuka.
Premier coup d’oeil aux spectateurs : un public assez jeune, des fans du manga. Beaucoup d’adeptes. Un rapide regard vers le plateau : la scène est prometteuse, des restes de robots jonchent le sol et des cadres, des cadres blancs. Comme une promesse dans l’air de grandiose.

Les robots sont entourés de danseurs comme des marionnettes que l’on dirige, mise en valeur de leur aspect de machines commandées et afin de créer, sans doute, un mouvement saccadé, propre à l’idée rigide du robot. Ce soulignement lasse, passé le premier mouvement de surprise au cours duquel le spectateur reconnaît l’ingéniosité du système, et apparaît comme inutile car la narration suffit à faire comprendre que ces personnages se trouvent à la confluence entre humanité et machine. Le spectacle reprend bel et bien les codes du manga et ce avec virtuosité : exagération dans l’expression des visages, arrêt sur image, cases de bande-dessinée soulignant les scènes déjà présentées sur plateau et stéréotype de certains personnages comme ceux des robots et en accentuent l’effet. Et c’est sans doute là tout l’écueil de Pluto. Le meurtre de robots quasi humains, unique dans leur genre et de par le monde ainsi que la lutte contre le mal, incarnée par un petit ours en peluche trônant sur une chaise, n’intéresse pas. En dépit des moyens utilisés, scénographie coûteuse et déploiement de danseurs qui appuient les gestes des robots, le spectacle reste froid, sans âme, uniquement pétri de protagonistes au dualisme exacerbé et dont le rendu sur plateau confine parfois au ridicule. L’on ne peut qu’admirer son exceptionnelle réalisation et s’ennuyer ferme sur son siège, impatient de retrouver des amis et d’en rire avec humanisme.

Un spectacle aux moyens démesurés : images en 3 D, marionnettes, scénographie fidèle au manga, soigné, dont les procédés permettent de faire d’insuffler la vie au manga Pluto, aux comédiens renommés au Japon et exemplaires sur scène, mais au rythme malheureusement démesurément lent, aux personnages sans nuance ni finesse, et à l’intrigue manichéenne au possible, sans doute sur mesure pour les fans de manga ou du manga originel.

Pluto, Sidi Larbi Cherkaoui / Bunkamura Theatre Cocoon. Actuellement en tournée à Anvers et Leuwarden.
Décidément tu as enchainé des spectacles un peu barbant, tes articles par contre ne le sont pas, même très amusants. Merci Camellia
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Merci beaucoup !
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