
Dans une mise en scène un peu surannée, très naturaliste, Nicolas Lormeau interprète un seul en scène qui relate le tour de France de 1924. Il y incarne le célèbre reporter Albert Londres mais aussi une galerie de portraits, cyclistes, foules, retraçant pour chacun la langue qu’Albert Londres leur a prêté tout en montrant les conditions inhumaines de ce tour. A feu et à sang ce tour de France prend des allures d’épique et c’est bien un hommage aux exploits d’hommes tombés dans l’oubli, ces « rois de la pédale », qui pédalaient parfois 22 heures en dormant sur leur vélo, dans des conditions improbables et impossibles. Des héros d’un autre âge, aux visages burinés dont nous apercevons les portraits à la toute fin de ce spectacle. Une carte retrace petit à petit les étapes des coureurs et l’on retrouve à chacun d’entre eux ainsi que la voix d’Albert Londres disséquant les affres, les souffrances, les joies minimes et l’enthousiasme de la foule de ce tour qu’il rend mythique. Quelques images d’archives sont projetées ainsi que des videos plus récentes des routes, notamment des pavés, capturés par Nicolas Lormeau, lui-même grand amateur de deux roues, permettent de se projeter sur les pavés, tout comme il parvient à faire ressentir l’ivresse de la victoire ou bien l’horreur de la mort qui en étreint certains de façon absurde ou abrupte.

Un très joli spectacle qui ne cesse de surprendre malgré une scénographie datée. Les moins passionnés par le tour de France s’attachent à ces personnages singuliers, sortis de l’oubli, grâce au conteur hors pair qui les interprète et à ce récit si bien incarné. La performance est magnifique et l’émotion palpable durant le spectacle.
Une belle soirée en perspective.
Les Forçats de la route d’Albert Londres, conception et interprétation Nicolas Lormeau
Studio théâtre de la Comédie Française
Durée : 1h20