
Lorsque l’on pense Alain Platel l’on peut s’attendre à tout. Il ne démérite pas dans l’expérimentation, l’inattendu et la provocation sans tomber dans le galvaudé. Requiem pour L porte à la scène la mort de la figure sans doute maternelle. Ce qui s’apparente à des pierres tombales grisâtres jonchent le plateau et au lointain un écran retransmet un film en noir et blanc présentant la venue de la mort de la mère entourée de ses proches, une sérénité se dégage de ses traits tandis qu’elle semble attendre.
Pièce surprenante car si elle est très sobrement chorégraphiée, les chanteurs esquissent quelques gestes certains s’abandonnent à leur façon de danser naturelle, il s’agit avant tout d’un concert. Sur le plateau des musiciens et chanteurs lyriques métissent le requiem de Mozart avec du blues, du zouk entremêlés de musique africaine. C’est bien aussi l’art de Fabrizio Cassol ce mélange des genres musicaux qui glissent de l’un à l’autre imperceptiblement. Un ensemble qui crée une sorte de cérémonial à la croisée de monde musicaux. Des percussions se mêlent à la guitare electrique, à l’accordéon et aux différentes voix composant un ensemble délectable et magnifique par moments, moins prenant par d’autres selon ses sensibilités musicales. Les accents du baryton Owen Metsileng, du chanteur mezzo Nobulumko Mngxekeza et du contre ténor Rodrigo Ferreira notamment, déchirent les silences qui s’infiltrent dans cette pièce si particulière et rythment pendant de longues secondes les chants en fin de pièce. Ces moments intenses alternent avec les rythmes endiablés africains. On assiste à une forme d’incantation, une harmonie entre occident aux accents plus lourds et Afrique plus vivace face à la mort retransmise sur écran géant. Les chanteurs s’adressent d’ailleurs de temps à autre à « L » en lui faisant face.
Si le spectateur est emporté par l’intensité de passage musicaux très hybrides et par la musique sacrée, son esprit vagabonde parfois et se détache de cette oeuvre métissée ce qui est dommage car elle le confronte, reconforte ?, tente tout au moins une catharsis de cette notion si abstraite et effrayante qu’est la mort.
Requiem pour L, Alain Platel, F. Cassol, Sadler’s Wells en mars.


<p><a href= »https://vimeo.com/250588785″>Requiem pour L. (Fabrizio Cassol, Alain Platel, Rodriguez Vangama) – video by Jan Bosteels</a> from <a href= »https://vimeo.com/user9314204″>les ballets C de la B</a> on <a href= »https://vimeo.com »>Vimeo</a>.</p>