
En hommage au prix Nobel de littérature, parfois apparenté au théâtre de l’absurde, Harold Pinter, décédé il y a une dizaine d’année, le théâtre Harold Pinter à Londres fonde une saison entièrement dédiée à son oeuvre regroupant en quelques heures plusieurs pièces. Pinter one et Pinter two rassemblent une pléiade d’acteurs impressionnants dont Antony Sher, Russel Tovey pour ne citer qu’eux.
Je n’ai pu assister qu’au Pinter two, qui s’invite dans les foyers des années 60, loin du plus politique Pinter one. Pinter two s’ouvre sur The Lover, comédie terrifiante, dans laquelle un mari et une femme pimentent leur quotidien en endossant différents rôles. Le premier devient quotidiennement l’amant de l’une et la seconde la prostituée de l’autre. Un jeu de rôles dangereux, permettant de s’abstraire de la trivialité du quotidien, auquel s’adonne Hayley Squires et John MacMillan. Si la scénographie est résolument réaliste le mur rose bonbon rappelle un cocon versatile où tout peut se jouer : amour profond, décadence, bonheur furtif, voire idéal perdu. Une pièce toujours d’actualité où le problème du poids du quotidien, du prosaïsme, du conformisme déjà soulevé en 1961, reste étonnamment d’actualité.

Si la séduction, l’ambiguïté et le fantasme émaillent également la seconde pièce qui suit The lover, l’audacieuse The Collection n’en demeure pas moins saisissante de contraste ne serait que dans la scénographie plus sombre et à l’éclairage tamisé. Russel Tovey y incarne un bissexuel débridé. Stella, incarnée à nouveau par Hayley Squires, et James, John MacMillan, révèle sa liaison d’un soir Bill, Russel Tovey, qui entretient une liaison avec Harry, un homme plus âgé. James décide de le confronter et se retrouve au beau milieu d’un étrange numéro de séduction dont il ne peut se détacher. Une pièce fondée sur l’équivoque et le fantasme dont le sujet semble un peu éculé de nos jours trouve cependant une résonance actuelle. Le jeu des comédiens deux pièces de facture très réaliste est sobre ce qui permet d’en faire savourer tous les dialogues mordants d’Harold Pinter.
Une jolie révérence !