Collapsible, de Margaret Perry avec Breffni Holahan au Bush Theatre

Assise comme en suspension dans les airs, Essie se tient sur ce bout de mur au bord du précipice. L’étroit espace du Studio du Bush Theatre confine à l’intime et le spectateur pourrait presque toucher Breffni Holahan qui incarne Essie. Des saillies de pics rocailleux entourent le bloc rocheux sur lequel se tient la comédienne et l’éclairage parfois abrupt vient accentuer l’idée de précipice angulaire. Elle nous livre ici par bribes des moments de sa vie, le chômage, l’impossible communication avec autrui, l’amour enfui, ses interrogations afin de comprendre comment elle a pu se retrouver incapable de plonger dans l’abîme qui s’offre à elle, la vie. Le ton est léger et drôle même si elle aborde la dépression et les relations humaines inextricables. Avec un humour parfois noir elle évoque le chômage, l’identité féminine, l’impossibilité à être et ce qui bouleverse c’est que Breffni Holahan, qui incarne Essie, ne bouge pas de ce tout petit bout de mur écroulé et paradoxalement en suspension, à l’image du personnage. Comme elle le dit d’emblée, elle se sent comme ces chaises pliantes, « collapsible » en anglais, qui signifie également effondré. Finalement ce beau monologue propose une redéfinition de l’être : qu’est-ce que l’on est au bout du compte ? Qui est Essie ? Que reste-t-il de nous lorsque nous avons perdu nos identités sociales ?

L’ensemble de la performance repose sur le monologue drôle, doux et acerbe de Margaret Perry mais aussi, et surtout, sur Breffni Holahan qui porte à bout de bras son personnage. Une Essie au bord de la rupture sans concession, poignante, hypnotisante et paradoxalement attendrissante et bourrée d’humour.

Au Bush Theatre jusqu’au 21 mars 2020 : https://www.bushtheatre.co.uk/event/collapsible/