Kings of War, d’Ivo Van Hove, Barbican en avril dernier. Choc visuel.


Avec son adaptation des différentes tragédies historiques en quatre heures de spectacle, Ivo Van Hove offre ici une mise en scène audacieuse dépassant la frontière des quatre murs théâtraux.


Le plateau présente alternativement des lieux devenant le royaume d’Angleterre puis de France, en un lieu rappelant la « War Room » d’où Churchill planifia La Défense du Royaume-Uni pendant la Seconde guerre mondiale, un long couloir et un espace hors scène, uniquement filmé, permet d’obtenir simultanément différents lieux et espaces où les personnages continuent à vivre et la piece à être jouée. Si la video est largement utilisée de nos jours dans les spectacles théâtraux, avec des metteurs en scène comme Frank Castorf, ici, elle apporte au hors scène un espace où la fiction reste présente. Comme si le théâtre ne pouvait se limiter au seul plateau. La scénographie recherchée est, comme toujours, signée Jan Verweyveld, pensée dans ses moindres détails.

Les pièces shakespeariennes, Henri V, Henri VI, et Richard III, entrent en résonance avec notre monde actuel en 4h50 de spectacle. Le texte passé au scalpel est rendu palpable par la disposition scénographique mais surtout grâce aux comédiens époustouflants comme Hans Kesting, incarnant un Richard III brutal, ivre de pouvoir et de reconnaissance, car c’est bien du mécanisme  du pouvoir politique, de ses fondements et de ses effets que dévide ce spectacle. Auscultant et décortiquant le pouvoir politique dans une Angleterre désunie et en guerre, sur trois période historiques différentes, ainsi que le caractère et l’attitude de ces trois rois aux tempéraments diamétralement opposés, Ivo Van Hove signe une œuvre magistrale.


Au Barbican en avril dernier. En tournée actuellement. A New York Au BAM en novembre prochain.