Bêtes de foire, petit théâtre de gestes, Laurent Cabrol, Elsa De Witte, London International Mime Festival, Barbican, Londres. Artisanat du suranné.


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London International Mime Festival 2018, Bêtes de foire, Petit Théâtre de Gestes, ensemble, image credit: Lionel Pesqué

Une entrée en salle presque sous chapiteau, un panneau à l’ancienne indiquant « Bêtes de foire », des ouvreurs aux lumières pointées en diverses directions puis portant une loupe géante, et une minuscule piste de cirque, un poteau comme sous un chapiteau miniature, quelques objets en vrac en fond de scène rappellent un cirque version miniature et fâné. Le titre du spectacle en lui-même fait référence aux exhibitions de bêtes foraines, bêtes curieuses, ou encore à un théâtre d’objets aux couleurs défraîchies, collectionneurs de gestes et d’instants. Mini piste de cirque, rouages de marionnettes, scie musicale, machine à coudre comme tempo et musique, et régie en vue à peine cachée derrière une rideau d’objets incongrus, voilà ce à quoi le spectateur peut assister. L’ensemble possède un charme suranné entre Sokha, le caniche indomptable et les numéros faussement désuets de jonglerie ou encore les acrobates marionnettes, et une piste souvent éclairée avec de simples lampes de brocante, un charme des après-midi sans fin au cirque sous la toile du chapiteau de la piste aux étoiles, pour ceux qui aiment. La salle s’esclaffe aux moindres mimiques et gestuelles de Laurent Cabrol en clown à la croisée entre Mister Bean et un personnage à la Jacques Tati, applaudissant à tout rompre entre chaque numéro habitués sans doute aux numéros de cirque traditionnel.

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Un monde perdu, enfoui, ressurgi tout à coup, celui de l’univers rouge et or des cirques traditionnels, d’un clown défraîchi, un plaisir doux mais qui ne dure pas. Bêtes de foire présente un théâtre de jongle, de petites choses, d’habitudes fragiles et délicates, de mimiques et autres grimaces et de numéros absurdes qui semblent parfois décousus et dont le fragile lien tissé entre eux rompt rapidement tout ce charme rococo pour se briser à cause de leur longueur. Les références convoquées sont pourtant nombreuses telles que Tati ou encore Calder et une belle galerie de personnages se dessine. Malgré ces  numéros absurdes et touchants un sentiment de vacuité persiste tout de même en bouche devant un fil conducteur narratif trop ténu et ce malgré un moment poétique et amusant dans ce bric-à-brac baroque et malgré de vraies propositions comme les différents corps des marionnettes semblables à ceux des spectacles de monstres : l’homme orchestre, des acrobates squelettiques, deux danseurs qui ne font qu’un dans la marionnette… Les marionnettes elles-mêmes deviennent d’ailleurs dans ce duo en des personnages ambivalents aux physiques singuliers qui marquent et confèrent un aspect un peu inquiétant à cet ensemble convoquant une certaine poésie du fil ou des acrobaties de spectacles de cirque.  Un  goût d’inachevé subsiste malheureusement devant une narration trop esquissée  et qu’il aurait peut-être fallu plus élaborer car il est vrai que l’on aime aussi les histoires bien racontées même si le matériau de ce spectacle permet de s’en créer quelques unes à bien à soi.

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En piste Laurent Cabrol, Elsa De Witte, et Sokha

Au Barbican en ce moment à Londres jusqu’au 20 janvier puis en tournée : https://www.barbican.org.uk/whats-on/2018/event/betes-de-foire-petit-theatre-de-gestes

Dates de tournée 5 au 17 décembre 2017 – Espace Malraux, Chambéry 16 au 20 janvier 2018 Théâtre de l’Arsenal, Val de Reuil 20 mars au 8 avril 2018 – Scène Nationale de Sète 15 au 19 mai 2018 – Le Canal, Redon 22 au 26 mai 2018 – L’Atelier Culturel de Landerneau 5 au 9 juin 2018 – Le Carré Magique, Lannion

http://dai.ly/x5a9yps

 

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