L’insolite Mécanique, Je brasse de l’air, mise en scène Camille Trouvé, London International Festival, Barbican. La grâce de l’envol.


Magali Rousseau - je brasse de l'air 2 -® Julien Joubert
Crédit Magali Rousseau

Une petite mécanique du cœur a lieu en ce moment au Barbican à Londres. Échapper à sa campagne profonde en apprenant à voler et en inventant d’ingénieuses mécaniques de métal qui fonctionnent comment autant de créatures tel est le motif de création de ces petites merveilles et de ce spectacle à la croisée entre une déambulation exhibant monstres de poésie, un conte murmuré à l’oreille et une atmosphère intime de petit chapiteau.

L’univers crée par Magali Rousseau rattrape le spectateur et l’embarque dans un monde lunaire, de clair-obscur, de plumes, de fer et de rouages évoquant parfois Tinguely, à mi-chemin de la performance. À l’origine conçue et commandée pour être une installation et une exposition L’Insolite Mécanique raconte comment du fin fond de sa campagne l’ennui a donné l’envie à Magali Rousseau de se soustraire à la réalité et d’apprendre à voler, et d’inventer de petites merveilles d’ingéniosité à cet effet.

Magali Rousseau - je brasse de l'air 4 -® Laurent Gayte
Crédit Magali Rousseau

Une promenade dans un lieu unique à la ménagerie de métal qui expose les créations et rappelle souvent le lien étroit et, sans doute tendre, de l’artiste avec le cirque contemporain. Le tout est simple mais efficace, poétique et l’on se sent bien au chaud dans ce monde de rêves et enfantin ; d’autant plus que le texte et la narration sont soutenues par différents effets sonores et musiques de Stéphane Diskus, à la clarinette, qui créent une empreinte sonore bien particulière. C’est d’ailleurs lui-même qui accueille le public à l’entrée de la salle.

Magali Rousseau - je brasse de l'air bis -® Julien Joubert
Crédit Julien Joubert

Des lettres de métal et une bougie reliée à un mécanisme et une poulie que l’on actionne et dont le reflet à la lumière de la bougie forme des mots, de délicates tiges de métal autant de plumes recomposées, un poisson dans un mini bocal, l’envol de plumes et bien d’autres curiosités que nous fait découvrir Magali Rousseau. La prévenance et le guidage effectués à l’entrée du spectacle au travers du plateau renforcent cette idée de bêtes de foire à laquelle le public s’attend.  Le spectateur chemine alors d’objets en objets lors d’un spectacle devenue balade aux airs d’antre d’un savant fou, de freak show ou de cabinet de curiosités. Ce sont des mécaniques fluides, parfois animales, en apesanteur, ou voler comme remède à l’ennui et acte de résistance envers un quotidien pesant et une vie toute tracée, des objets dont la charge symbolique est parfois trop prégnante qui s’expose et que l’on dévoile. L’écriture du spectacle aurait peut-être pu être resserrée davantage dans le lien avec chacune des créatures de métal ou être davantage déployée afin de paraître moins un prétexte même si, il faut bien l’avouer, l’on ne boude pas son plaisir.

Magali Rousseau - je brasse de l'air 5 -®Laurent Gayte.jpg
Crédit Magali Rousseau

Un spectacle fascinant et gracieux comme une plume. Une balade légère.

Il est possible de rester un peu plus longtemps après le spectacle pour admirer les objets insolites, discuter avec les artistes et même actionner certaines des mécaniques à l’entrée de la salle.

À Londres au Barbican et en tournée également : https://www.barbican.org.uk/whats-on/2018/event/linsolite-mecanique-lift-off-je-brasse-de-lair

Avec Magali Rousseau et Stéphane Diskus. Durée 45 mns. A partir de 7 ans.
Jusqu’au 27 janvier 2018

http://insolitemecanique.com/

Bande-annonce :

 

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