The Twilight Zone, mise en scène Richard Jones, Almeida Theatre, esthétique de la grisaille.


Pour ce retour sur le blog et l’entrée dans une nouvelle année quoi de mieux que de revenir sur The Twilight Zone monté à l’Almeida qui se joue actuellement ? J’en profite pour vous souhaiter une belle année 2018, étrange et délicieuse.

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Photo: Marc Brenner

Mettre en scène de la science-fiction au théâtre et adapter un film ou une série une tendance actuelle mais aussi un pari osé surtout quand il s’agit d’adapter huit épisodes de la célèbre série The Twilight Zone, plus connue en France sous le titre de La Quatrième Dimension. Huit épisodes à la narration intercalée prennent place sur le plateau de l’Almeida Theatre parmi eux un alien se cachant parmi des voyageurs, le retour d’une même situation des années plus tard, une enfant aspirée dans une autre dimension, la disparition d’un astronaute alors qu’il est rentré sur terre avec son coéquipier, la menace du nucléaire etc.
Cette adaptation suscite la curiosité : comment mettre en scène les effets télévisuels  des années 60 et notamment rendre l’hypnose du générique ? L’ensemble se présente comme des épisodes séparés et entrelacés reliés par des personnages absurdes ou des sketchs récurrent comme celui de cigarettes qui apparaissent sans qu’un personnage puisse s’en défaire, en foule alors que fumer est interdit, ou mauvais pour la santé, référence ici à notre présent, qui permettent d’actualiser la série. La scénographie comme les costumes déclinent une palette de gris, référence à ces premiers épisodes choisis datant des années 60. Les effets hypnotiques du générique sont, quant à eux, rendus par le biais de stratagèmes très classiques et ingénieux, dans une scénographie de Paul Steinberg, employant des images familières au spectateur de la série comme des panneaux en forme de roues zébrées ou d’oeil à effets hypnotiques tenus par des comédiens dont le costume se fond dans le décor, un toile à fond étoilée,  images propres au générique, ou comme encore des téléviseurs tout droit sortis de la séries et les costumes années 60 nous plongent à nouveau dans cet univers.

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Photo: Marc Brenner

La mise en scène fonctionne car elle reprend à merveille les codes de la série, la disparition des astronautes présentées notamment au travers d’une disparition des photos de journaux mais il ne me semble pas que l’adaptation permette ni d’actualiser ni de faire revivre La Quatrième Dimension car le format est bien trop long pour ces entrelacs d’épisodes (à l’origine de 30 minutes) qui reposaient sur les préoccupations des années soixante sur fond politique et non pas sur celles des années 2018 comme la manipulation d’images. La tentative d’actualisation de la part d’Anne Washburn accentue encore se décalage avec la série initiale. Ainsi, la plupart des scènes reposent sur une ironie, parfois glaciale, qui ne permet pas au frisson et à l’angoisse que proposait et créait la série liminaire dans son ton prophétique, son aspect cauchemardesque et étrange (j’en garde des souvenirs prégnants) d’un certain futur. Cela est d’autant plus regrettable que le travail de scénographie et la mise en scène en conservent son aspect hallucinatoire mais le suspense narratif y manque cruellement.

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Photo: Marc Brenner

The Twilight Zone, adaptation d’Anne Washburn, mise en scène Richard Jones à l’Almeida Theatre à Londres jusqu’au 27 janvier 2018.

Durée 2h30 avec 15 mins d’entracte.

https://almeida.co.uk/whats-on/the-twilight-zone/5-dec-2017-27-jan-2018#open-calendar

9 commentaires

  1. Ta description et les photos que tu publies m’intriguent au plus haut point. Grand amateur de la série, dont je me suis amusé, sur mon précédent blog, à décortiquer l’intégralité des épisodes de la saison 1 et une partie de ceux de la saison 2, je suis naturellement enclin à découvrir comment le théâtre, par cette mise en scène inventive, est capable de restituer le mystère, et prolonger les problématiques philosophiques et existentielles soulevées par le créateur Rod Serlng en son temps (le fameux « homme à la cigarette » emblématique).
    Grand merci pour cette découverte.

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      1. Peine perdue, ces articles étaient publiés sur mon anciens blog qui n’est aujourd’hui plus accessible. Il faudra que je songe à les remettre sur le Tour d’Ecran, dès que possible.
        Excellente année à toi également ! 🙂

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  2. C’est amusant que tu fasses un article sur ce thème. Moi même je viens de terminer les représentations d’une pièce que j’ai écrite sur les codes des films d’horreur et la poésie qui va avec (eh oui souvent l’un avec l’autre). Il y avait sur scène des apparitions, disparitions, effets spéciaux. Nous avions moins de moyens que ce que tu présentes mais les codes étaient respectés. J’avais beaucoup aimé cette série aussi étant très fan de ce genre. Je profite de ce commentaire pour te souhaiter le meilleur pour cette année nouvelle. Au plaisir de continuer à te lire

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    1. Bonne année à toi !ah dis donc ! Effectivement quelle coïncidence ! Ceci dit ce que j’ai trouvé interessant c’est que s’ils ont des moyens les roues que les comédiens tournent est un procédé facile à reprendre avec des élèves pour créer cette illusion de tournis. A très vite je l’espère !

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