Dans un futur proche, après qu’une peste a décimé une partie de la population, celle-ci se trouve divisée en deux : les hommes d’un côté, habitent au Sud, et les femmes de l’autre , au Nord, car leur contact propage cette maladie et tue les hommes. Les femmes, infectées, portent un sévère habit noir, rappelant des religieuses et quelque peu, d’ailleurs, celui de la magnifique série TheHandmaid’s tale, et la marque du pêché puisque ce sont elles qui transmettent la maladie.La reproduction de l’espèce se fait par insémination artificielle et les garçons, élevés par les femmes, rejoignent le Nord et la société des hommes à leur 18 ans, car c’est à cet âge qu’ils risquent d’attraper le virus. Pour communiquer entre eux les hommes et les femmes lorsqu’ils ne peuvent s’y soustraire portent des masques faits sans doute à partir de bas et flottant leur visage conférant une aspect impersonnel et anonymes aux foules ou à chaque personne qui le met. Dans cette société strictement contrôlée par un Prédicateur tout puissant, un frère et une soeur, Elihu (pas encore en âge de quitter la société des femmes) et Soween sont confrontées aux failles du système : Elihu rencontre Giella et leur amour mettra à jour les fissures et le mensonge sur laquelle est basée toute une société, déclenchant une révolution. Cette dystopie est racontée de façon rétrospective au moyen du journal intime de Soween projeté par à coups, qui revient sur la chute de la séparation des sexes, et par plusieurs personnages alternant en de très longs monologues et tirades leur vision de cette période. La pièce durait six heures, séparée en deux parties, au Festival d’Edimbourg pour maintenant atteindre les trois heures, qui sont déjà suffisamment interminables en l’état.
La promesse d’une narration polyphonique, destinée à plusieurs voix, « narration for voices » comme l’écrit l’auteur Alan Ayckbourn, et le sujet d’une société dystopique semblent très tentant, sur le papier. Cependant, l’intrigue s’avère peu crédible et le spectateur a du mal à croire à l’existence de ces personnages, voire même de cette société même si l’ensemble du spectacle est particulièrement bien réalisé : lumières et tableaux ostensiblement travaillés, avec un fond de scène déployé et prenant également une large hauteur, permettent de jouer sur la profondeur spatiale, et de présenter certaines scènes sur de très beaux clair-obscur. La lumière sculpte ici ce monde quelque peu futuriste, de façon largement monochrome, ou stylisée avec des violets profonds, rose, bleu de type néon. Entre scénographie suggestive, symbolique, simple « black box » nue, l’accent est mis sur des effets de tableaux tels les chants du chœur se propageant lentement pour être dévoilé derrière les panneaux de décor au lointain.
Finalement, la dénonciation du totalitarisme, de la morale bien pensante et de la séparation des sexes (tous les personnages sont homosexuels puis à la libération presque tous hétérosexuels) reste enfouie sous l’histoire individuelle, bien trop sirupeuse et aux personnages archétypaux beaucoup trop esquissés.
Malgré l’énergie et le dynamisme d’Erin Doherty, dans le rôle principal de Soween, et des autres comédiens qui insufflent vie à la pièce, l’écriture se dilue de façon vaine et vide de propos, et sombre dans le sentimentalisme bas de gamme. Le jeu des acteurs comme la mise en scène ne suffisent pas à convaincre ni toucher le spectateur.
The Divide écrit par Alan Ayckbourn, mise en scène Annabel Bolton.
Merci. C’est vrai en général j’évite mais je me dis que je vais essayer de rendre plus compte des spectacles que je vois. Malheureusement, je n’ai pas le temps de le faire pour tous … Merci Nath !
C’est assez rare que tu fasses un article sur un spectacle que tu n’as pas vraiment apprécié. C’est très intéressant. Merci Camellia
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Merci. C’est vrai en général j’évite mais je me dis que je vais essayer de rendre plus compte des spectacles que je vois. Malheureusement, je n’ai pas le temps de le faire pour tous … Merci Nath !
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